18/09/2009

Le japonais pour les nuls en 7 leçons

Au départ, je voulais juste vous donner quelques notions de japonais, pour mieux vous faire comprendre le monde qui m'entoure et puis, j'ai trouvé que le sujet était vraiment passionnant. Je crains que l'article soit un peu long mais il sera aussi, je l'espère, riche d'informations. Et puis comprendre une langue, c'est aussi comprendre la manière de penser et les coutumes du pays en question...celà me semble assez inévitable.
1.Introduction
Il faut savoir que même encore de nos jours les spécialistes s'interrogent sur l'origine de la langue. Le japonais peut être apparenté à des langues comme le mongol ou le turc et possède une grammaire proche du coréen mais presque aucun mot en commun. Le Japon a beau avoir adopté de nombreux traits de la culture chinoise, sa langue ne présente aucun lien avec le mandarin et si il y a 90 % de ressemblance dans la prononciation avec le français, il en va tout autrement pour l'écriture.
Le japonais utilise trois alphabets simultanément. Les kanji ou caractères chinois, le syllabaire des hiragana et le syllabaire des katakana. Largement utilisé dans la publicité, le romaji (alphabet latin) fait figure de quatrième jeu de caractères.
2.Les kanji
-Les kanji signifient tout simplement lettres chinoises. Lorsqu'ils parvinrent au Japon, ils avaient déjà subi une évolution depuis leur origine pictographique. Certains kanji sont très évocateurs de la réalité comme la montagne où il est aisé de reconnaître les trois sommets d'un massif rocheux. Pour d'autres, le lien est moins évident : il est plus difficile de reconnaître dans le kanji de la femme une silhouette agenouillée .
-Le chinois mandarin se compose de quatres tons, c'est à dire qu'une syllabe peut se prononcer de quatres manières différentes suivant l'intonation. (notons que le chinois cantonais distingue jusqu'à sept tons). En simplifiant les différences de tons, les Japonais se retrouvent avec des kanji qui possèdent une multitude de sens différents. Ainsi le caractère KI désigne l'esprit, la vapeur, la saison, la joie, le drapeau, la machine, l'ustensile, la boussole, la table, le danger, le démon, l'histoire...En kanji, bien sûr, ces différents sens se traduisent par des écritures différentes mais à l'oral, seul le contexte permet de les dissocier...si si, je vous rassure, les Japonais se comprennent très bien. Une fois ce stade passé, le kanji revêt un avantage majeur, celui de pouvoir être facilement repérable visuellement, il devient un véritable logo sans compter que la FAMEUSE faute d'orthographe n'existe plus. De plus, les noms propres prennent tout de suite un sens, ils signifient forcément quelque chose alors que nos noms sont parfois vides de sens.
-Les kanji les plus importants sont constitués de 23 traits mais en moyenne ils en ont entre 8 et 12.
- Il faut savoir aussi qu'il existe une double prononciation pour les kanji : une prononciation chinoise on et une prononciation japonaise kun.
Ainsi l'eau peut se prononcer SUI en lecture on et misu en lecture kun.
- Il existe un système de clefs (ou bushu) et je vous renvoie sur ce site pour plus d'information sur les clefs. Ainsi l'eau se transforme en pour former un élément clef. Cet élément se retrouve dans plus de 200 kanji (océan, étang, marais, plage, liqueur, pleurs, huile, laver, rincer, nager et moins évident, frais, chaud, pouvoir, sale, plein, loi). La clef de l'homme se transforme en .
*L'océan est représenté avec le symbole du mouton et la clef de l'eau , la mer étant comparée à de l'eau dont le mouvement des vagues ressemble aux boucles de la laine du mouton.
*Le repos est représenté par le kanji de l'arbre et la clef de l'homme , celui-ci se reposant en effet à l'ombre d'un arbre.
*Ces clefs permettent de donner, en les combinant avec des kanji, un sens suplémentaire. Ainsi, la clef dérivée du kanji de la femme donne un aspect féminin, la clef du coeur désigne un sentiment, la clef de la viande désigne une partie du corps, un organe...
3.Les kana
-Afin d'adapter les kanji au mode de penser japonais, les " anciens " ont choisi des kanji pour leurs sonorités puis simplifiés à l'extrème, ceux-ci ont donné des syllabes et non des lettres. Ces syllabes appelées kana ont été classées en deux catégories, les hiragana, facilement reconnaissables par leur écriture ronde et les katakana caractérisés par des traits droits. Il existe pour chacun de ces syllabaires 46 syllabes et deux types " d'accent " qui permettent de modifier la prononciation.
- Les hiragana ont trois usages :
-écrire les mots japonais qui n'ont pas de kanji ou dont les kanji sont trop complexes.
-désigner les mots pour leur usage grammatical.
-permettre la prononcation kun (japonaise) des kanji.
- Les katakana ont eux aussi trois usages :
-traduire les mots étrangers. (Elie MAHIN s'écrira toujours en katakana....)
-écrire les grandes marques japonaises.
-permettre la prononciation on (chinoise) des kanji.
4.Les mots
-Les mots en japonais ont donc souvent plusieurs sens et le champ sémantique est plus étendu que celui des mots occidentaux. On peut imaginer que devant les belles formes graphiques des kanji, la pensée erre plus librement que devant un mot aux contours précis. Il est intérressant de voir aussi à quel point la pensée japonaise semble donner la préférence au concret plutôt qu'à l'abstrait...Est-ce cette façon de penser qui a entrainé l'écriture ou est-ce l'écriture qui est à l'origine du mode de penser ?
-Environ 10% des mots japonais sont composés d'un kanji unique auquel on ajoute souvent un hiragana pour distinguer le verbe, l'adjectif, le nom...On les prononce généralement à la japonaise.
-75% des mots sont composés de deux kanji que l'on prononce suivant la prononciation chinoise.
*Le téléphone 話電 est une manière de parler en utilisant l'électricité .
*Les algues 海草 sont les herbes de la mer .
-L'ordre de succession des kanji est déterminant.
* (feu) + (fleur) = étincelle
* (fleur) + (feu) = feu d'artifice
Lorsqu'un kanji a plusieurs sens, seul l'un des deux est privilégié dans l'association avec d'autres kanji.
-L'association de plusieurs kanji est bien moins utilisée. Plutôt que des mots, il s'agit le plus souvent d'expressions.
*le caractère insecte + vache + spirale = l'escargot car c'est un petit animal doté d'une spirale et qui possède des cornes comme une vache.
*le caractère mouvement + chose donne l'animal qui associé au caractère jardin donne le zoo.
*(et encore un exemple parce qu'on adore) : le caractère soi-même + mouvement + vente + vente (autre kanji de même sens) + machine =........le distributeur automatique.
-On peut remarquer la souplesse et l'adaptation des caractères chinois vieux de plusieurs millénaires qui permettent de décrire sans ambiguïté les appareils et les objets de la technologie moderne.
5.Les phrases
-La phrase écrite est formée d'un mélange de kanji, de katakana et d'hiragana. Le japonais est qualifié de langue " agglutinante ", c'est-à-dire qu'à chaque mot vient s'associer une particule pour désigner l'appartenance grammaticale. (sujet, verbe.....) ce qui explique qu'il n'y ait pas de réel sens dans une phrase et que l'ordre des mots devient beaucoup plus souple.
-Il y a quand même des choses simples dans le japonais : il n'y a pas de genre, de pluriel, ni de pronom et il y a en plus de l'infinitif pour un verbe uniquement deux temps le passé et le présent. Pour le futur on ajoute une particule de temps. (comme en français : demain je vais à Tokyo).
-Par contre, et oui parce que ça allait être trop simple, la langue change complétement en fonction des niveaux de politesse. Dans le métro, l'autobus et le train, l'annonce de la prochaine station est noyée dans un flot de politesse. A l'hôtel, la recommandation d'éteindre la lumière que l'on trouve dans certaines chambres peut se traduire ainsi :
Honorable demande, honorable chambre, au moment de sortir, à l'interieur de la pièce, lampe électrique, votre honorable extinction, consentez.......
alors qu'en France, on fait preuve de beaucoup de concision :
Putain je t'ai dit mille fois d'éteindre cette...de lampe.......Et bien j'en connais un qui va se sentir un peu mal en rentrant en France.
6.Les nombres
-Les chiffres arabes ont été adoptés facilement et leur utilisation est courante. Néanmoins, il est bon de connaître le système numérique traditionnel d'origine chinoise (sous peine de ne pas comprendre grand chose aux menus dans les petits restaurants....et battre en retraite tout simplement parce que l'on n'arrive pas à lire les prix).
-Le principe de base est assez facile, il suffit d'apprendre par coeur les 9 kanji chinois en ajoutant les kanji correspondant aux unités (dizaines, centaines...). Il convient d'ajouter les unités sur le même principe qu'un boulier. En français compter est beaucoup plus difficile et moins rigoureux : pour écrire soixante treize, on fait sans s'en rendre compte l'opération 6x10+13....pas simple.
-Par contre là où ça se complique, c'est que lorsque l'on demande une bolée de cidre, deux paquets de cigarettes ou trois rouleaux de pellicules, on utilise des " compteurs numériques ", c'est-à-dire des chiffres spécifiques qui désignent en plus de la quantité, le volume, la forme...Les chiffres sont donc différents si l'on parle de tranche (kire), rouleau (maki), plat (sara), personne (hon), objet long (mai), objets plats (hai), liquides (ki)..... Alors pour les mètres carrés, heureusement, j'ai échappé au tsubo (surface de deux tatamis).
7.Conclusion
-J'espère que malgré l'aspect un peu technique et l'absence d'image vous avez survécu. Je pense qu'avec une telle langue et cette manipulation constante de " logos ", les Japonais sont entrainés en permanence à saisir une forme dans l'espace et je suis sûr que cela influence considérablement leur façon de percevoir l'architecture.
-Sinon, mon niveau actuel, après un premier apprentissage de 2 heures par semaine pendant un an, est celui d'un enfant qui découvre ses premiers mots mais ce que j'aime, c'est qu'après chaque mot appris, les portes s'ouvrent ....et j'espère qu'un jour je me ferai comprendre et qu'à l'épicerie je me retrouverai plus avec cinq gros pains fourrés à la pâte de haricots rouges alors que je les voulais fourrés à la viande....
-Et pour progresser rapidement et éviter d'avoir des regrets, j'ai choisi 15 heures de japonais par semaine en plus de mes cours d'architecture....et je crois que même avec ces cours intensifs, les cours de kanji sont en option...mais un jour, je ne désespère pas, je parlerai japonais...et là, promis, je n'écrirai plus en français....et finies les fautes d'orthographes!!!!!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire