20/10/2009

Sou Fugimoto

On m'a récemment prêté un magazine 2G sur l'architecte japonais Sou Fujimoto. Il y a de nombreux architectes au Japon dont le travail est vraiment incroyable mais j'ai choisi de vous présenter celui-ci car j'ai trouvé de nombreuses réponses dans sa manière de voir les choses. De plus sa réflexion reflète bien le mode de penser japonais sans pour autant le caricaturer. En quelques pages, c'est devenu une révélation et j'espère travailler un jour dans son agence qui se trouve à Nakano (au nord ouest de Tokyo )...paraît-il.
Sa conduite se fonde principalement sur des questionnements qui portent sur l'origine de l'architecture et son rapport à...la nature. Comme la plupart des jeunes architectes japonais, son architecture se veut blanche, pure et abstraite répondant au " less is more " de Mies Van Der Rohe. A la différence des architectes comme Kenzo Tange ou Toyo Ito, qui valorisent une architecture propre à la culture japonaise, Sou Fujimoto revendique une culture neutre (comme l' a fait d'une certaine manière Hector Guimard au XIX ème siècle ).
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Son point de départ peut se résumer en dix intuitions :
- le nid ou la cave
- des notes de musiques sans portée
- des séparations et des connections
- une ville comme maison et une maison comme ville
- un arbre comme une place
- une architecture nébuleuse - concept de spirale
-importance du jardin
- avant la maison, est-ce une cité ou une forêt?
-la matière et l'espace
La but étant de dégager cinq qualités premières :
- la rationalité : attention, ce terme n'a pas du tout le même sens au Japon. Fujimoto explicite ce concept en le comparant à une partition de musique. Là où l'on peut voir la rationalité à travers les lignes d'une partition, Fujimoto ne perçoit qu'une grille qui fige l'espace. Si l'on supprime ces lignes, la beauté de la partition est conservée et une nouvelle musique est révélée. La rationalité tient ici à l'analyse des espaces et des connections qui font lien et qui permettent de ressentir l'harmonie.
- l'ambiguité : il faut oublier la simple opposition public/privé, intérieur/extérieur, ville/maison. Ce qui importe c'est l'entre deux. Les limites sont volontairement pliées, multipliées, tordues dans le but de rendre les frontières indistinctes ou plutôt rendre l'ambiguité avec plus de clarté.
- la récursion : un principe peut être répété à l'infini et celà indépendamment de l'échelle.
- la complexité : elle est liée aux différents niveaux de gradation ( un peu comme les différentes variations de gris entre le noir et le blanc ). La gradation lie alors les espaces, l'architecture/ville, design du mobilier/architecture, privé/public, musée/théâtre, maison/rue, objet/espace, matin/soir, connu/inconnu, mobile/immobile...
- la contingence : cette qualité est pour Fujimoto intimement liée à la nature. Cependant, l'architecte ne doit pas s'efforcer d'imiter les effets de la nature mais la nature peut devenir un modèle pour l'élaboration d'un artifice. " Dans un jardin, tout est indéterminé. L'architecture est un jardin avec toit, le jardin, une architecture sans toit. "
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" L'architecture et la ville ne sont pas distincts. Une ville est elle-même un large complexe d'architecture et une maison n'est pas une partie de ville mais une petite ville. Tokyo n'est pas une ville, c'est une grosse maison et faire un pas à l'extérieur signifie franchir le seuil d'une pièce pour passer à une autre "
" La forêt est une place ou la transparence coexiste avec l'opacité, les vides avec les pleins. L'architecture doit être perçue comme une forêt " " La ruine marque la fin et le début de l'architecture. L'architecture est le délicat design d'une ruine "

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